Epidémiologie et maladies tropicales N. m. * pian : ce mot est originaire d'une langue sud-américaine, le Galibi ou Kalina, des Indiens qui peuplent la côte atlantique du Nord du Brésil au sud du Venezuela, y compris la Guyane française, le Guyana et le Suriname ; * ome : du grec -ôma, {-ome, -oma}, maladie, corps, tumeur, tuméfaction. [Angl. : Mother yaw] Le pian (syn. yaws, boubas, buba, parangi, framboesia) est une maladie contagieuse épidémique qui se développe dans de nombreux pays équatoriaux d'Afrique, d'Amérique et d'Asie, ainsi que dans les îles de l'Océanie et qui affecte principalement le peau, les os et les cartilages. Le responsable est un tréponème, T. pertenue, très proche des tréponèmes responsables de la syphilis et de la pinta (ou caraté), au point qu'on a observé une immunité croisée entre ces maladies. Le pian n'est pas une maladie vénérienne (qui se transmet par contacts sexuels) mais elle se transmet d'un individu contagieux à un autre par contacts cutanés, généralement par un enfant qui présente de petites lésions de la peau. Au début des année 1950, cette maladie représentait un véritable fléau et touchait plus de 60 millions d'individus. Il n'y a toujours pas de vaccin pour le pian, mais le traitement est rapide et facile par une seule injection IM (intramusculaire) de benzathine benzylpénicilline. Dans les années 1950 à 1960, l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a entrepris des campagnes massives de traitement qui ont permis d'éradiquer presque totalement cette maladie mutilante (voir ci-dessous). Il reste cependant quelques zones où le pian persiste, avec une recrudescence depuis 1990, notamment en Afrique de l'Est et centrale et dans le Pacifique Sud. Evolution de la maladie : on distingue habituellement 3 stades. * Stade précoce. La première manifestation est l'apparition, au point d'entrée du tréponème, souvent la fesse ou le membre inférieur, d'un granulome prolifératif appelé pian mère (ou maman pian) ou chancre pianique, contenant un nombre important de tréponèmes. Ce pian va se développer davantage que les autres et se transformer en un ulcère profond dont va s'écouler une matière sanieuse (purulente). Après une période "silencieuse" de plusieurs semaines à plusieurs mois, des lésions secondaires plus ou moins nombreuses apparaissent, à surface granuleuse. Ce sont des papillomes ou pianomes situés préférentiellement sur la face, l'aine, les aisselles. Quand des lésions apparaissent sur les pieds ou la plante des pieds, la marche devient difficile et c'est ce qui a été à l'origine de l'expression "pian-crabe". Les lésions se situent aussi au niveau des os et des articulations, provoquant des déformations, des exostoses ; la maladie devient mutilante. * Pian latent (du latin latens, -entis, de latere [latent, latente, latence], être caché, qui existe sans manifester sa présence). Pendant cette phase intermédiaire qui peut durer de 5 à 10 ans, les lésions cutanées de la phase précoce, les pianomes ou pianides disparaissent progressivement mais spontanément, tandis que de nouveaux épisodes précoces sont possibles. En l'absence de soins, la maladie évolue inexorablement vers le stade tardif. * Stade tardif. Apparition de lésions noduleuses et ulcéreuses, d'hyperkératoses qui laissent des cicatrices définitives. Les lésions osseuses affectent sévèrement le visage, le palais osseux et les extrémités, provoquant parfois de terribles mutilations. L'adjectif pianiforme caractérise une lésion cutanée qui ressemble à celles qui se développent chez les patients atteints du pian.