Dictionnaire médical

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SIDA

Immunologie allergologie, épidémiologie et santé publique, recherche médicale - Abrév. Syndrome d'Immunodéficience Acquise. * SIDA : beaucoup plus de renseignements sur la page "Sida description".

Description du virus : Le VIH a été isolé en 1983 par l'équipe du professeur Luc Montagnier à l’ Institut Pasteur. C'est un rétrovirus d'environ 120nm de diamètre, relativement fragile, détruit par la chaleur à 60°C et par les antiseptiques (alcool, eau de Javel...). Il ne peut survivre plus de 5 à 6 heures hors d’une cellule.

Schéma du VIH :

Le VIH infecte des cellules du système immunitaire (lymphocytes T4 et macrophages) mais aussi des cellules nerveuses et des cellules intestinales qui semblent faire partie des "organes de réserve". Lorsque le virus devient indécelable dans le sang sous l’action d’un traitement, il n’est pas totalement détruit car il subsiste sous la forme de provirus dans des cellules jouant le rôle de réservoir (le foie reste encore énigmatique dans cette infection).
A sa surface, des protéines dites gp120 et gp41 sont enchâssées dans une couche lipidique et forment avec elle l’enveloppe du virus. En effet, le VIH est un virus "enveloppé" : lorsqu’une cellule est infectée par le VIH, elle présente à sa surface les protéines gp120 et gp41 provenant de l’expression du génome du virus. Ainsi, quand un nouveau virus bourgeonne et se sépare de la cellule, il emporte avec lui une partie de la membrane cellulaire et ces deux protéines. A l'intérieur, la nucléocapside (assemblage de protéines p25) renferme le core (ensemble d’enzymes et de nucléoprotéines qui permettent l’infection) et deux molécules d’ ARN. Ce sont des ARN messagers qui comportent chacun 8 gènes, dont 3 codent toutes les protéines de structure et les 5 autres sont des gènes régulateurs. Dans la cellule, les ARN messager cellulaires, une fois traduits en protéines au niveau des ribosomes, sont détruits par une enzyme, l’ ARNase. Pour protéger leur partie codante, les ARN messagers du VIH possèdent à leur extrémité une "queue poly-A", c’est-à-dire une succession de nucléotides de type Adénine (AAAAA ...).

Les mécanismes de l'infection :
Fixation : Le VIH se fixe à la cellule cible par contact entre la protéine gp120 du virus et le récepteur CD4 de la cellule (lymphocyte T4 ou macrophage par exemple). La seule présence du CD4, si elle est nécessaire, n'est pas suffisante. Des récepteurs supplémentaires sont impliqués dans cette reconnaissance; on les appelle les corécepteurs.
Pénétration : La capside (ou enveloppe) du VIH fusionne avec la membrane de la cellule et la nucléocapside pénètre dans la cellule.
Transcription de l’ ARN en ADN : Le génome de la cellule étant constitué d’ ADN, l’ ARN du VIH doit passer sous la forme d’ ADN avant d’être intégré au génome cellulaire. C’est la rétrotranscription, opération qui caractérise et donne leur nom aux rétrovirus. Elle est assurée par une enzyme contenue dans le core, la réverse-transcriptase (aussi appelée transcriptase inverse ou rétrotranscriptase). On obtient alors de l’ ADN monobrin.
Passage à deux brins : Sous l’action d’une autre enzyme du core, l’ ADN-polymérase, l’ ADN monobrin devient de l’ ADN double brin. On parle alors de provirus.
Intégration dans le matériel génétique de la cellule : Une autre enzyme du core, l’intégrase, insère l’ ADN viral à un emplacement, que l’on pense aléatoire, dans le génome de la cellule en coupant l’ ADN cellulaire puis en assemblant chaque extrémité de l’ ADN viral à un bord de la coupure. En cas de division cellulaire, la cellule mère transmettra l'ADN viral à ses deux cellules filles.
Transcription de l’ ADN viral en ARN par la cellule. Cet ARN sort du noyau pour rejoindre le réticulum endoplasmique rugueux ou RER.
Traduction de l’ ARN en protéine : elle se fait au niveau d’un ribosome, les grandes protéines en résultant sont coupées par des enzymes, les protéases, afin d’aboutir à toutes les protéines constitutives du VIH.
Bourgeonnement d’un nouveau virus : les protéines de surface du VIH (gp120, gp41) s’insèrent dans la membrane de la cellule, les protéines constitutives s’assemblent pour former la capside dans laquelle deux molécules d’ ARN sont enfermées. Cette capside bourgeonne à la surface de la cellule, emportant une partie de la membrane cellulaire et les protéines virales qui y sont enchâssées. Ce nouveau VIH se retrouve dans le plasma ou la lymphe, prêt à infecter une nouvelle cellule.

Les traitements : Ils reposent essentiellement sur les antirétroviraux et les multithérapies.
1 - Les antiviraux : deux familles de médicaments sont utilisés dans le traitements de l’infection à VIH, qui agissent à des stades différents de la reproduction du virus dans les cellules.
Les inhibiteurs de la transcriptase inverse (ITI) : ce sont des molécules qui interviennent dans la cellule pour entraver l’action d’une enzyme virale, la transcriptase inverse, et empêcher ainsi la transcription de l’ ARN du virus en ADN viral qui parasite l’ ADN de la cellule hôte. Ces produits ont été les premiers utilisés dans la lutte contre la multiplication du virus dans l’organisme dès les années 80 (AZT) et le début des années 90 (ddI, ddC). La famille s’est agrandie, et l’on compte aujourd’hui près d’une dizaine d’inhibiteurs de la transcriptase inverse : AZT (Rétrovir®), ddI (Videx®), ddC (Hivid®), 3TC (Epivir®), d4T (Zérit®), AZT+3TC (Combivir®), névirapine (Viramune®), delavirdine (Rescriptor®), efavirenz (Sustiva®).
Les antiprotéases (AP) : en 1996, sont apparues sur le marché de nouvelles molécules agissant à un autre stade de la reproduction du VIH en s’attaquant à l’activité de la protéase, enzyme virale qui permet la maturation des nouveaux virus créés par la cellule infectée. Grâce à l’action des antiprotéases (qui sont jusqu'à 1000 fois plus puissantes que les ITI), la cellule produit des virions immatures incapables d’infecter de nouvelles cellules. ritonavir (Norvir®), indinavir (Crixivan®),saquinavir (Invirase® et Fortovase®), nelfinavir (Viracept®).
2- Les multithérapies : les premiers médicaments n’étant pas suffisamment puissants individuellement, dès que cela été possible, les médecins ont commencé à prescrire des bithérapies, c’est à dire 2 inhibiteurs de la transcriptase inverse, permettant une action plus efficace sur l’activité du virus. A partir de 1996, c’est l’association d’une antiprotéase à deux ITI qui a donné naissance à ce qu’on appelle les trithérapies. On parle maintenant de multithérapie, car le nombre de molécules utilisées peut varier de 2 à 5. L’utilisation de plusieurs médicaments de plus en plus puissants est motivée par les capacités du virus à muter et créer des résistances face aux diverses molécules qui perdent alors de leur efficacité. En effet lors de la transcription de l’ ARN viral en ADN, la transcriptase commet des erreurs créant ainsi des virus mutants, certaines mutations entraînant une baisse de la sensibilité du virus aux médicaments. Le virus se multipliant jusqu'à plusieurs milliards de fois dans l’organisme chaque jour, le rôle des multithérapies est notamment de réduire considérablement et si possible rapidement cette multiplication, limitant ainsi également les possibilités de mutation virale et les phénomènes de résistance. Un nouveau médicament particulièrement efficace, qui empêche le virus du sida d'envahir les cellules de l'organisme, a été présenté à la quatorzième conférence internationale sur le sida, (7 au 12 juillet 2002 - à Barcelone, Espagne).
"Baptisé T-20, ce médicament pourrait redonner espoir aux malades atteints de virus qui résistent aux traitements actuels. Celui-ci appartient aux inhibiteurs de la fusion, une nouvelle classe d'antiviraux qui diminuent considérablement la quantité de virus présent dans le sang (charge virale) des malades. T-20 empêche le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) d'envahir les cellules du système immunitaire (CD4) alors que les traitements existants agissent contre le virus quand celui-ci a déjà pénétré les cellules. Deux expériences ont été réalisées : mille patients australiens, brésiliens, européens et nord-américains, chez lesquels les médicaments disponibles restent sans effet, ont servi de cobayes. Tous les sujets ont continué à prendre leur traitement. Les deux tiers d'entre eux se sont vus administrer, en plus, du T-20, à raison de deux injections quotidiennes. La première expérience a révélé que la charge virale de plus de 30% des patients sous T-20 avait baissé sensiblement au-dessous des niveaux de détection, après 24 semaines, contre seulement 16% des individus soumis aux anciens médicaments. Dans la seconde expérience, les taux étaient respectivement de 28% et 14%.
Selon le professeur Bonaventura Clotet, responsable de la section sida à l'hôpital Germans Trias i Pujol de Barcelone et impliqué dans les recherches, le T20 est considéré par les scientifiques comme le médicament le plus complexe produit jusqu'à présent. T-20 est fabriqué par les laboratoires suisse Roche et américain Trimeris. Ceux-ci prévoient de le mettre sur le marché l'an prochain. Cependant son coût prohibitif risque d'en limiter l'usage. On parle de 10 à 12 000 dollars par patient et par an". Un seul chiffre : en 2001, trois millions de personnes atteintes du SIDA sont décédées.
Septembre 2002 : le groupe pharmaceutique BAYER (Allemagne) commercialise aux États-Unis son nouveau test "Versant". Originalité : ce test détecte dans le sang la charge virale, c'est-à-dire le degré d'infection des patients au VIH et devrait permettre d'adapter le plus tôt possible la thérapie.
* Le 16 novembre 2004, dans un article publié par la revue "Immunity", un laboratoire du CNRS de Strasbourg (équipe de Sylviane MULLER, immunologie et chimie thérapeutique - Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire) associé à l'équipe d'Ara HOVANESSIAN (CNRS - Institut Pasteur de Paris), annonce qu'ils ont réussi à produire des AC (anticorps) capables de bloquer l'infection des lymphocytes par les virus du SIDA. Pour l'instant, cette production d'AC a été induite chez des lapins. Les AC sont capables d'empêcher l'infection des lymphocytes T CD4 par les différentes souches du VIH-1, le plus répandu sur la planète. Les chercheurs ont identifié une portion (un domaine) de la protéine gp41 de l'enveloppe du virus (revoir le schéma du virus) qui interagit avec un composant de la membrane des cellules : la cavéoline. Avec d'autres composants de la membrane cellulaire, la cavéoline intervient lors de l'entrée du virus dans la cellule. Sur le virus, c'est la protéine CBD1 qui se lie à la cavéoline. Les chercheurs ont immunisé des lapins grâce à un produit de synthèse semblable au CBD1 qui non seulement a inhibé l'infection des lymphocytes par les VIH, mais a aussi perturbé la reproduction du virus en conduisant à la production de virus défectifs, incapables d'infecter d'autres cellules. Les chercheurs ont montré que le produit de synthèse est plus efficace pour la production d'AC que la protéine naturelle. L'idée des chercheurs est donc d'injecter ce produit de synthèse à des sujets sains ou porteurs du VIH pour qu'ils produisent des AC capables de neutraliser les virus.

© Georges Dolisi
 
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